Cet article doit vous apporter les informations nécessaires pour reconnaitre une infestation de chenilles processionnaires, connaitre les dangers liés à ces nuisibles, et vous donner quelques conseils pour vous préserver et lutter contre leur prolifération.
Il a deux espèces :les chenilles processionnaires du Pin et celles du Chêne.
Chenille processionnaire du Chêne
Chenille processionnaire du Pin
Le type d’arbre à coloniser n’est pas la seule différence entre ces chenilles. Leur cycle de développement se fait sur des périodes différentes.
Chenille processionnaire du pin :
Cette chenille s’observe sur les pins donc (pins ou Cèdres) généralement à partir du mois de novembre (pour la région parisienne), sous la forme de cocons blancs, soyeux, tissés à l’extrémité des branches. Ces cocons (environ 15 cm) sont remplis de ces chenilles. Les chenilles en sortent pour se nourrir des aiguilles du pin. A l’approche du printemps elles descendront de l’arbre en processions pour s’enfouir dans la terre. Les chenilles vont alors se transformer en papillon et ressortir en été pour s’accoupler, et pondre à nouveau sur les pins des environs. Elles peuvent rester 3 ans sous forme de chrysalide en terre.
Cocons de chenilles processionnaires du pin
Chenille processionnaire du Chêne :
Cette chenille est moins visible que celle du pin car ses cocons sont des «poches» de toile plaqués sous les branches charpentières des chênes, et sur le tronc. On commence à observer les premiers nids en avril, après le débourrement des chênes. Elles vont ensuite multiplier les cocons pour se transformer en papillon l’été, après être passées par 5 stades larvaires et une nymphose. L’été est la période de reproduction des papillons et la ponte pourra s’étaler jusqu’en septembre. En mars, à l’éclosion des œufs, redémarre un nouveau cycle. Ces chenilles ne font pas de procession jusqu’au sol, mais uniquement dans l’arbre. Elles ne descendent donc pas au sol pour effectuer leur nymphose, mais leur nuisance urticante reste malheureusement tout aussi importante. Je vous explique pourquoi dans le paragraphe suivant.
Chêne infesté par des chenilles processionnaires:
Les risques de la chenille processionnaire pour l’homme et l’animal de compagnie:
Attention à ces chenilles, elles possèdent des poils urticants dont les effets peuvent être particulièrement dangereux.
Ces poils sont volatiles et se retrouvent sur la chenille, dans les cocons, dans l’arbre, autour de ce dernier, et leur contact provoque des piqûres qui dans le meilleur des cas vous donne des sensations de brûlures et des boutons , et dans le pire peut provoquer des chocs anaphylactiques. Nos animaux de compagnie sont aussi en danger car, leur curiosité attisée par les processions, la tentation de saisir dans leur gueule une chenille est forte. Des vétérinaires confirment que de plus en plus de ces animaux viennent avec des œdèmes dus aux piqûres de chenilles processionnaires.
Les poils des chenilles processionnaires sont très volatiles et ils peuvent piquer seuls, sans que l’on touche l’insecte directement. Ils se retrouvent au sol, dans l’arbre, dans la végétation aux alentours… Attention à porter des vêtements longs lorsque vous tondez votre pelouse, si vous avez un chêne infesté à proximité… d’autant plus si vous avez des cocons tombés au sol (les cocons des chenilles processionnaires du chêne sont remplis de poils urticants et ils se décrochent souvent avec les pluies d’automne-hiver) !
La prolifération des chenilles processionnaires est très problématique:
Leur prolifération géographique est impressionnante : toutes les régions de France sont maintenant touchées. Elles sont remontées depuis le Sud en quelques années (celles du Pin ont passées la Loire en 1990) et leur nombre est de plus en plus impressionnant. Ce sont les conditions climatiques plus douces qui profitent aux chenilles et leur permettent de se développer aussi vite. Car elles meurent à -16°C et ne sortent pas des cocons pour se nourrir si les températures restent sous 0°C la nuit. Ces conditions sont de plus en plus rares.
Les dangers liés à leur pouvoir urticant est important et les accidents sont de plus en plus nombreux. Une zone ne peut être traitée efficacement que si la majorité des arbres infestés de cette zone sont traités. Un papillon peut voler sur 50km pour pondre. Les cycles recommenceront tant que les chenilles pourront produire des papillons. Il faudrait donc que les pins soient systématiquement pourvus de collier anti-procession. Pour les chênes, la pulvérisation de BTK reste aujourd’hui la solution la plus efficace pour contenir les populations, mais les procédés (canons pulvérisateurs) ne sont pas vraiment adaptés, ils sont couteux, mal calibrés et peu écologiques.
Comment lutter contre les chenilles processionnaires:
On doit aborder le problème différemment qu’il s’agisse de chenille processionnaire du pin ou du chêne : les périodes et les méthodes ne sont pas les mêmes.
Pour les pins :
De novembre à mars (en région parisienne et avant le début des processions) il faut écheniller les cocons et poser des colliers éco-pièges autour des troncs (hauteur deux mètres pour s’assurer que personne ne vienne y toucher). Ces colliers sont des «gouttières» pourvu de sac récupérateur qui bloqueront les processions, empêchant les chenilles d’aller dans le sol pour se transformer en papillon. Les chenilles se retrouvent dans le sac dans lequel de la terre a été placée. Ce sont les mesures essentielles à mettre en place. L’échenillage est important si on veut limiter le risque de passage hors du collier, et empêcher les chenilles d'affaiblir l'arbre en dévorant toutes ses épines. C’est une question d' esthétique aussi car il faut bien le dire, ces cocons sont moches une fois installés dans l’arbre… En été on peut compléter le travail en installant des pièges à phéromones. Ces derniers empêchent les papillons à trouver une femelle, et limitent les prochaines pontes. Enfin, Il existe aussi la possibilité de traiter par pulvérisation l’arbre avant l'apparition des cocons, avec du BT ( Bacillus thuringiensis, une bactérie) qui tuera les jeunes chenilles qui se nourriront des aiguilles du Pin traitées. La période pour une telle d’intervention est relativement courte (octobre-novembre)
Exemple de cocons échenillés
Perche télescopique pour écheniller
Pour les chênes :
la tâche est plus difficile que pour les pins car les cocons ne s’échenillent pas aussi facilement. Ne faisant pas de procession au sol, un collier ne peut pas être efficace comme pour le pin. Alors que faire ? Un échenillage entre avril et juillet reste le moyen le plus efficace pour traiter un chêne infesté, mais l’accessibilité des cocons va sans doute nécessiter l’emploi d’une nacelle pour atteindre les nids, ou d’un grimpeur motivé, protégé et bien assuré. Le coût d’une telle opération sera donc relativement élevé. Placer un piège à phéromones l’été réduira aussi le nombre d’œufs pour le prochain cycle. Il existe aussi la possibilité de traiter par pulvérisation au BT (bacile de Thuringe), dès le débourrement de l'arbre, pour tuer les jeunes chenilles qui se nourriront des jeunes feuilles du chêne ainsi traitée. La période pour une telle d’intervention est courte (mars), les conditions de pulvérisation sont exigeantes (pas de vent, de pluie, distance de sécurité des zones sensibles, ...) et son coût peut être important car l'opération se fera probablement par nacelle.
Dans tous les cas:
On doit aussi attirer les mésanges avec des nichoirs, placés à proximité des arbres infestés (les mésanges se régalement de ces chenilles, diminueront leur nombre, et sont relativement simple à attirer). Tout comme des abris à chauve-souris, qui se régaleront l’été des papillons de ces chenilles.
Peut on se débarrasser définitivement des chenilles processionnaires:
Avec les moyens d’aujourd’hui il y a peu d’espoir de supprimer le problème. Notre travail limite leur développement et prévient efficacement contre les dangers liés à leurs poils urticants. Les outils à notre disposition pour lutter contre les chenilles processionnaires du Pin sont efficaces, mais pour celles du Chêne c’est encore insuffisant.
D’autres matériels et méthodes plus adaptés sont disponibles, la législation doit encore donner son feu vert pour leur utilisation. Ces méthodes (drones notamment) devraient permettre à moindre coût et avec une grande efficacité de réduire drastiquement les foyers.
Le parasitisme est aussi une piste intéressante: des recherches sont en cours pour trouver quel prédateur à la chenille processionnaire serait le plus viable chez les insectes, sans bouleverser l'écosystème. Bon nombre de prédateurs naturels existent pour la chenille, ses œufs, ou ces chrysalides. Eco-Nuisibles travaillera avec ces nouvelles méthodes dès que leur autorisation aura été validée par les autorités.
Comments